Bonjour tout le monde,
Homme de bientôt 30 ans qui vis en Suisse, je pourrais dire que ma question se résume au titre.
Ma mère pense que je suis Asperger. Je vais commencer à m'informer sur place lundi. Mais, entre-temps, je vais m'informer sur ce forum, ainsi que sur d'autres, étant donné que j'ai l'habitude des forums sur l'internet. Ce sont ma plate-forme favorite dans le monde numérique.
Adopté d'Inde à l'âge de quatre ans environ, je me balançais souvent le dos d'avant en arrière, ainsi que la tête, jusqu'à mes 18 ans environ, prenant petit à petit conscience de ce mouvement, et des questions que pouvaient se poser les personnes dans l'entourage ou dans la rue. On pensait que, tout jeune, j'étais peut-être autiste. Or, ma mère était convaincue que je ne l'étais pas.
Un épisode qu'elle me rappelle : à l'école enfantine, elle se demandait comment j'avais déjà pu apprendre à lire. Elle pensait que la maîtresse avait bien joué le coup. En discussion avec celle-ci, elle se voit retourner le même étonnement. C'est donc que j'aurais réussi à apprendre à lire par moi-même ? à coup de bandes dessinées, de lecture en solitaire (le livre "Bien lire et aimer lire")...
J'ai toujours aimé les mathématiques, sans pour autant être un virtuose. Bon, d'après ce que j'ai lu, les Aspie sont plutôt honnêtes, ne vont pas exagérer leurs compétences quand ils parlent d'eux. Il est vrai que je suis plutôt modeste, humble. Mais il m'arrive régulièrement de mentir, alors que les autistes n'en seraient pas capables.
Le trait où je me retrouve le plus dans les descriptions est la difficulté dans le face à face, le regard. Il paraît que je me serais amélioré avec les personnes que je connais. Par contre, je ne maintiens pas le regard avec les personnes inconnues que je croise dans la rue, ou alors j'essaie maladroitement (par essai de politesse ; mais il paraît que ça varie selon les cultures). Cela semble être typique : je m'intéresse aux domaines plus qu'aux relations. Actuellement, j'aime les mathématiques, les langues (je suis plus à l'aise avec le langage écrit), la musique, les échecs. Je m'intéresse aussi aux sciences du comportement, du langage, à l'éthique. Mais tout cela de manière autodidactique, le cursus universitaire n'étant pas fait pour moi pour diverses raisons :
- j'attache grande importance à la diversité, à faire les liens entre les domaines ; les formations sont trop spécialisés et trop contraignantes pour garder du temps libre pour apprendre d'autres choses*,
- le gavage de savoir sans remise en question et esprit critique n'est pas fait pour moi, surtout si, d'emblée, je ne suis pas d'accord avec le contenu du cours... (exemple : les théories néoclassiques en économie, selon lesquelles le comportement est rationnel)
- il y a aussi des considérations d'ordre éthique, dirais-je, qui se sont développées (dès mes 20 ans), concernant l'environnement, le partage, la diversité des sens (de la vie) ; j'ai, comment dire, développé une certaine aversion à tout idéal de justice (rimant avec méritocratie et normalité, des mots qui sonnent mal du point de vue éthique humaniste). Il y a aussi la critique envers la monnaie, le principe de réciprocité, l'interdépendance, qui n'est, pour moi, pas synonyme d'autonomie et de liberté.
* Je ne suis pas sûr, mais cette diversité n'est, paraît-il, pas l'apanage des personnes Asperger. Quoi qu'il en soit, l'autonomie et la liberté sont aussi des concepts que j'ai commencé à adopter, notamment avec la découverte des logiciels libres (encore peu utilisés) :
- depuis que j'ai découvert les logiciels libres (il y a 2 ans), j'ai effectué un gros changement : j'ai décidé de ne plus utiliser de logiciels propriétaires, je me suis désinscrit complètement de Google (et tous ses services), FaceBook et cie, d'autant plus avec leur usage sans-gène des informations contenues dans nos messages (et Echelon, NSA, etc.), dans nos profils. [Je n'ai toutefois pas sombré dans les théories du complot.] Il y avait, déjà en 2000, la décision de me passer à vie de voiture, mais c'était uniquement pour des questions d'ordre écologique. Entre-temps se sont ajoutés les considérations financières et liées à l'autonomie. Concernant l'autonomie, je lis actuellement Ivan Illich, dans lequel je me retrouve pas mal. Il y avait aussi la télévision, que je n'ai plus regardée depuis... 5 ans au moins, encore plus que la durée entre mon dernier McDo et maintenant ! J'avoue en avoir fait longtemps un bouc émissaire (pas d'interaction, pas le choix de vitesse d'écoute, publicités, sédentarité et chips-bière, dépendance à la série), même si, je regardais régulièrement Buffy contre les vampires au moment où cette série passée sur M6 (La Trilogie du samedi soir, vous vous souvenez ?).
Enfin, mes parents me demandent de faire des recherches sur cette piste, notamment parce que je suis sans emploi et parce que ça pourrait être lié. Il paraît que la communication est importante dans beaucoup de professions. Pour pas mal de personnes, l'aspect relationnel passe avant tout. Pour ma part, je peux facilement me passer d'un groupe de personnes dès que je trouve un contre-argument : oh ! non ! pas avec eux, ils fument et ça pue les vêtements ! Et le fait de se rencontrer pour boire de l'alcool... il m'est arrivé de faire des bêtises sous l'effet de l'alcool, mais une de mes idées serait de ne pas en refaire... bon... et comme je vous l'ai dit, c'est la matière (le domaine) qui m'intéresse. Je peux très bien me passer de la personne si j'en trouve une autre qui est intéressée par le même domaine. Bon, et je ne ressent aucune urgence à visiter l'Inde - je ne suis jamais retourné en Asie pour le moment, alors que je suis allé au Québec, à Paris et dans l'est de la France, à Londres, à Hambourg, à Barcelone ainsi qu'au sud est de la Pologne.
Je donne régulièrement des cours d'appui privés en mathématique, français et allemand (et latin, anglais, mais il n'y a guère de demande) non déclarés. Mais là, c'est les vacances. Donc ils font une pause, tandis que le loyer continue de se faire facturer. C'est quoi cette manie d'attacher autant d'importance à un diplôme (sorte de figure de style...) ? le productivisme ? le refus du hasard ?
Dernières questions, est-ce que les caractéristiques Asperger peuvent avoir une influence, un impact, sur l'évolution du positionnement éthique/idéologique ?
Et que peuvent faire ces personnes pour favoriser/améliorer leur intégration ? (Remarquez que j'évite souvent la centration sur moi-même... je devrais plutôt dire "Que puis-je faire pour favoriser mon intégration ?" ; de nouveau une considération éthique qui me dit de ne pas attacher plus (ni moins) d'importance à une personne [moi] qu'à une autre)
Merci d'avance pour vos réponses ! Je vais lire le reste du forum...